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​​​​​​​Rapport PRB 2026 - Retraite, congés, pension… : ce qui change pour les fonctionnaires

Le PRB maintient le quota de 11 jours ouvrables par année civile pour les fonctionnaires.

Le Pay Research Bureau (PRB) a rendu public, vendredi 19 décembre, son rapport 2026, fruit de consultations avec les fédérations syndicales, les ministères concernés et le ministère des Finances. Ce document de référence redéfinit les conditions de service dans la fonction publique, en privilégiant une approche de continuité tout en apportant des ajustements ciblés.

La retraite : entre maintien des acquis et assouplissements

Le PRB rappelle que « la pension constitue une source majeure de revenus que les employés perçoivent à la retraite ». En tant que mécanisme de revenu régulier, elle permet aux retraités de « sécuriser leur vie après la retraite ». Depuis le rapport de 2008, le système a connu des réformes profondes : extension de l’âge obligatoire de départ à 65 ans, mise en place d’un régime contributif à prestations définies, puis introduction d’un régime unique à cotisations définies pour les nouveaux entrants à compter du 1er janvier 2013.

L’âge de départ reste flexible

L’âge normal de la retraite d’un fonctionnaire occupant un poste pensionnable demeure fixé à 65 ans. Toutefois, les agents conservent le droit de partir à la retraite à l’âge de 60 ans, voire à 55 ans, et même à partir de 45 ans en cas de sureffectif, sous réserve de l’approbation des commissions compétentes. Pour les juges, l’âge normal de la retraite est fixé à 67 ans.

Un fonctionnaire choisissant de travailler au-delà de 60 ans peut être tenu de se soumettre à un examen médical annuel afin de certifier son aptitude à demeurer en service, notamment lorsque la condition physique est essentielle à l’exercice de ses fonctions. Des dispositions spécifiques sont également maintenues pour les forces disciplinées, les centres correctionnels et les centres de réhabilitation.

Une réduction de pension qui disparaît

Les fédérations syndicales et le ministère de la Fonction publique avaient formulé plusieurs demandes, notamment la suppression de la réduction annuelle de 2,5 % du taux de pension pour les départs anticipés. Après consultation du ministère des Finances, le PRB a donné une réponse favorable, sous conditions.

Le rapport recommande ainsi que « la réduction de pension ne s’applique pas à un officier se trouvant à moins de cinq ans de son âge obligatoire de retraite ». Cette mesure concerne les agents recrutés après le 30 juin 2008 et partant à la retraite anticipée entre 55 et 65 ans. Un amendement à la loi sur les pensions devra être adopté pour donner effet à cette recommandation.

Des cotisations inchangées

Le rapport maintient les dispositions existantes issues du PRB 2008. Tous les employés doivent contribuer au taux de 6 % de leurs émoluments pensionnables, tandis que les stagiaires, étudiants, cadets ou apprentis contribuent au taux de 3 % de leurs émoluments. Le PRB précise que, lors de la détermination des salaires recommandés, il a tenu compte des contributions des employés à la pension, des éléments imposables y afférents, ainsi que de tous les autres changements apportés aux dispositions en matière de pension.

En cas de départ du service public sans droit à une pension, l’agent concerné continue de bénéficier du remboursement intégral de ses contributions, assorti d’un intérêt composé de 4 % par an, à condition d’avoir contribué pendant au moins un an.

Dispositions particulières maintenues

Le rapport reconduit plusieurs dispositions relatives aux agents occupant temporairement un poste supérieur au moment de leur départ à la retraite. Les prestations de retraite seront calculées sur la base des émoluments pensionnables annuels attachés au poste supérieur, sous réserve que ce poste ne requière pas de qualification additionnelle pour une nomination substantielle.

Pour les agents en poste au 30 juin 2008, le PRB recommande également l’octroi hypothétique d’un incrément additionnel pour le calcul des émoluments pensionnables, sous réserve de critères stricts, ainsi que le versement d’un paiement forfaitaire équivalant à 2 % des émoluments pensionnables annuels pour chaque année complète de service pensionnable au-delà de 33 années et 1/3, à compter du 1er janvier 2013.

La possibilité de retraite pour cause de mariage demeure applicable aux officières comptant au moins cinq années de service pensionnable.

L’intelligence artificielle : un outil, pas une finalité

Le rapport consacre un chapitre à la préparation du service public à la numérisation et à l’intelligence artificielle (IA). Maurice s’inscrit dans une dynamique visant à devenir « une nation intelligente, inclusive et prête pour l’avenir ». Le PRB rappelle le lancement du « Blueprint pour Maurice : un pont vers l’avenir – Transformation numérique 2025-2029 », qui définit une feuille de route stratégique axée sur quatre piliers et cinq leviers.

Le PRB indique avoir, dans ses rapports précédents, insisté sur la nécessité de moderniser le secteur public et sur l’importance du renforcement continu des compétences numériques. Il note que les syndicats ont exprimé leurs appréhensions quant à l’impact de l’IA sur l’emploi, tout en reconnaissant que « nous sommes encore à un stade précoce de l’application de l’IA ».

Le PRB considère que l’adoption de l’IA doit reposer sur trois piliers fondamentaux : « les personnes, les processus et la technologie ». Il précise que « l’adoption de l’IA ne doit pas être une finalité en soi, mais un outil permettant d’atteindre les objectifs du gouvernement ».

Passage Benefit : un régime sous pression budgétaire

Le « Passage Benefit Scheme », initialement conçu pour les expatriés à l’époque coloniale, est aujourd’hui ouvert à tous les agents employés sur une base permanente et pensionnable, sous réserve de certaines conditions. Mais le système montre des signes de tension.

Le ministère des Finances a signalé une augmentation significative des dépenses liées à ce dispositif, indiquant que « 97 % du montant alloué pour l’exercice financier 2025-2026 a déjà été décaissé ». Selon le ministère, la majorité des demandes concernent des usages non liés aux voyages, ce qui « n’est pas conforme à l’objectif initial du régime » et exerce une pression importante sur les finances publiques.

Dans ce contexte, le PRB estime que « la mise en place de mesures de sauvegarde temporaires et limitées dans le temps peut être efficace pour faire face à la situation ». Le rapport ne détaille pas la nature précise de ces mesures, mais la formulation suggère un resserrement à venir.

Congés : un cadre maintenu, avec quelques ajustements

Le rapport détaille l’ensemble des dispositions relatives aux congés, soulignant que « les congés payés figurent parmi les avantages les plus appréciés par les employés ». Il insiste sur la nécessité d’un système efficace de gestion des congés et recommande que « toutes les organisations du secteur public soient dotées d’un système e-HR ou équivalent ».

Congé occasionnel

Le PRB maintient le quota de 11 jours ouvrables par année civile.

Congé annuel

Le plafond d’accumulation demeure fixé à 210 jours, une limite jugée « comparativement généreuse » au regard des pratiques observées ailleurs.

Congé maladie

Le rapport introduit la possibilité de recourir à un quart de journée de congé maladie pour des rendez-vous médicaux et des contrôles de santé de routine. Il maintient, par ailleurs, un régime détaillé encadrant l’accumulation, le remboursement, l’octroi exceptionnel de congés maladie supplémentaires et leur encaissement à la retraite.

Une approche prudente face aux contraintes budgétaires

Dans son ensemble, le rapport PRB 2026 privilégie une approche de continuité, tout en apportant des ajustements ciblés visant à préserver les droits acquis des agents publics, à accompagner la modernisation de l’administration et à tenir compte des contraintes liées à la soutenabilité des finances publiques. Les dispositions ont été arrêtées à l’issue de consultations avec les fédérations syndicales, les ministères concernés et le ministère des Finances.

Le Bureau a veillé à ce que « des dispositions appropriées soient prévues » pour répondre aux principales revendications syndicales, tout en maintenant un équilibre avec les impératifs budgétaires du gouvernement. La mise en œuvre de certaines recommandations nécessitera toutefois des amendements législatifs.

Une hausse salariale de 15,3 % étalée sur deux ans

La publication, vendredi soir, du rapport 2026 du PRB marque une étape importante dans l’évolution des rémunérations et des conditions de service au sein de la fonction publique et des organismes parapublics. Le document prévoit une augmentation salariale moyenne de 15,3 %, soit le double de celle accordée en 2021 (7,95 %). Mais face à un « contexte économique et budgétaire actuel difficile », le Conseil des ministres a opté pour une mise en œuvre progressive : 50 % des augmentations en janvier 2026, le solde en janvier 2027.

L’impact financier global des recommandations est évalué à environ Rs 10,9 milliards par an. Ce montant, qualifié de conséquent, explique le choix du phasage. L’objectif est double : maintenir l’engagement de revalorisation pris envers les employés du secteur public tout en préservant l’équilibre des finances publiques à court et moyen termes.

Le nouveau rapport intègre également l’allocation intérimaire de 5 %, qui sera consolidée dans les salaires à compter du 1er janvier 2026. Cette consolidation vient s’ajouter aux augmentations prévues, renforçant l’effet de rattrapage recherché après plusieurs années d’inflation.

Les ajustements se traduisent par des revalorisations significatives sur certaines grilles salariales. Le salaire de base d’un constable de police à son entrée en service passera de Rs 18 650 à Rs 27 905, soit une augmentation de Rs 9 255. Pour un General Worker, il passe de Rs 10 250 à Rs 17 975. Les enseignants débutants voient leur salaire de base grimper de Rs 27 400 à Rs 37 290, soit une hausse de 36,1 %.

En haut de l’échelle, un Senior Chief Executive verra son salaire de base passer de Rs 163 250 à Rs 206 000, soit une hausse de 26,2 %. Le PRB souligne que ces révisions concernent à la fois les niveaux de rémunération et plusieurs conditions de service.

Ces augmentations différenciées s’inscrivent dans une logique de rééquilibrage. Le ratio entre le salaire d’un General Worker et celui d’un Permanent Secretary, qui s’établissait à 1:6,2 dans le rapport de 2021, est désormais estimé à environ 1:5,4. Pour le rapport entre un General Worker et un Senior Chief Executive, il s’élève à 1:6,7. Ce resserrement relatif des écarts traduit une volonté de réduire les inégalités salariales au sein de la fonction publique.

L’inflation au cœur des arbitrages

La perte de pouvoir d’achat constitue un axe central de cette revue salariale. Entre janvier 2021 et décembre 2025, l’érosion moyenne est estimée à 18 %. Mais cette moyenne masque des disparités considérables. Le PRB précise avoir, « dans la mesure du possible et jusqu’à un certain niveau », compensé cette érosion. Les hausses plus importantes accordées aux bas salaires témoignent de cette volonté de protéger en priorité les catégories les plus touchées.

Le PRB affirme avoir formulé ses politiques « sans s’écarter de la vision et des objectifs globaux du gouvernement en faveur d’un avenir prospère, durable et inclusif ». Parmi les principes ayant guidé l’élaboration des recommandations figurent l’état défavorable de l’économie et la nécessité de ramener les dépenses publiques à un niveau soutenable à moyen terme. « L’accessibilité financière et la soutenabilité des augmentations salariales ont été centrales dans l’élaboration de nos recommandations », souligne le rapport.

Le PRB indique avoir pris en compte le salaire minimum national comme référence, l’inflation cumulée, les rémunérations additionnelles versées jusqu’en décembre 2025, ainsi que la nécessité de renforcer le lien entre rémunération et performance. Cette dernière préoccupation marque une évolution notable dans la philosophie du Bureau, même si le rapport ne détaille pas les mécanismes concrets envisagés pour y parvenir.

Les syndicats dénoncent un rapport « défavorable aux travailleurs »

Le rapport du PRB 2026 ne passe pas auprès du monde syndical. Le constat est largement partagé : le rapport ne bénéficie pas à la classe des travailleurs.

L’injustice est, selon les syndicats, flagrante dans les chiffres. « Il y a une disparité et un écart énorme entre le salaire d’un Senior Chief Executive, qui bénéficie d’une augmentation d’environ Rs 43 000, et celui d’un General Worker, qui ne reçoit qu’environ Rs 13 000 de plus. Or, le travail le plus pénible, exigeant le plus d’efforts physiques et exposant le plus aux risques, est bien celui du General Worker », dénonce Ashvin Gudday, représentant de la General Workers Federation (GWF).

Pour Reeaz Chuttoo, négociateur de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), le verdict est tout aussi sévère : « Ce rapport a clairement favorisé les hauts fonctionnaires. La classe des travailleurs n’a, techniquement, obtenu qu’environ Rs 300 sur son salaire minimum, selon nos calculs. Et cela après plusieurs années d’attente. »

Certes, le ratio salarial a évolué. Il est passé de 1:6,2 dans le rapport PRB 2021 à 1:5,4 dans le rapport 2026. Ashvin Gudday reconnaît cette légère amélioration, mais la juge largement insuffisante. « Ce gouvernement n’a pas fait preuve d’une politique inclusive dans sa Vision 2050. Il aurait fallu inverser la pyramide salariale et mieux récompenser ceux qui se trouvent au bas de l’échelle. »

Pour le syndicaliste de la GWF, le gouvernement a manqué une occasion majeure de justice sociale. Les recommandations du PRB aggravent même la situation : « Les General Workers, qui constituent pourtant la majorité des fonctionnaires, continueront à se serrer la ceinture. »

Au-delà des écarts entre catégories, c’est le décalage avec la réalité du terrain qui interpelle. S’appuyant sur les données officielles de Statistics Mauritius, Reeaz Chuttoo met en lumière une incohérence majeure. « Une famille de quatre personnes – soit deux adultes et deux enfants – a besoin de Rs 45 030 pour vivre décemment, sur la base d’un ratio approximatif de 1:4. Divisé par deux, le revenu minimum par adulte aurait dû être de Rs 22 515. Or, le gouvernement fixe ce revenu à Rs 17 975, compensation salariale incluse, applicable à partir du 1er janvier », déplore-t-il.

Un seul point positif est reconnu par le négociateur de la CTSP : les heures supplémentaires des General Workers seront désormais calculées sur la base de Rs 17 975, et non plus sur l’ancien salaire de base de Rs 10 250, resté inchangé malgré les compensations successives.

Les conséquences de ce rapport vont au-delà des chiffres immédiats. Ashvin Gudday alerte sur les effets à long terme : « Le secteur public devient de moins en moins attractif, notamment pour les jeunes. L’exode de la jeunesse est inévitable. »

La CTSP annonce qu’elle poursuivra l’analyse approfondie du rapport PRB 2026 et rendra publiques les anomalies relevées « à plusieurs niveaux ».

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