Photographe de concerts et fondatrice de Priya Juhel Studio, Priya capture l’énergie, la lumière et l’émotion des scènes mauriciennes, révélant l’âme des artistes au public.
Fondatrice de Priya Juhel Studio, photographe de concerts, figure montante de la scène musicale mauricienne. Priya Juhel incarne cette génération pour qui la passion et la persévérance l’emportent sur les obstacles. Y compris ceux auxquels se heurtent les femmes dans un univers sous pression et encore largement masculin.
Le jour, Priya est retoucheuse-photo chez BWRM Limited. Elle affine son sens du détail et de l’esthétique devant son écran, pixel par pixel. Le soir, elle est dans les fosses, son boîtier au poing, à capturer l’énergie brute des concerts. Deux facettes d’un même talent, guidé par une exigence constante.
Le parcours de Priya repose sur des fondations solides. Après ses études secondaires, elle se perfectionne chez Focus Ltd avec deux formations essentielles : Fundamentals of Digital Photography et Fundamentals of Photoshop for Photographers.
Mais très vite, elle comprend que la théorie ne suffit pas. La photographie de concert est un terrain imprévisible, exigeant, où la lumière, le mouvement et l’émotion ne se laissent pas apprivoiser par les manuels. Alors, Priya fait un choix fort : travailler bénévolement, parfois pendant des années, pour apprendre, tester, se tromper et progresser.
« J’avais un rêve : devenir photographe de concerts. Je savais que je devais y consacrer du temps, même sans être payée. Chaque shoot gratuit était une leçon sur la lumière, le mouvement, et surtout sur la manière de capturer l’émotion vraie. » Des années sans salaire. Des concerts enchaînés. Des heures debout dans la fosse, à ajuster, recommencer, apprendre. Pour elle, c’était le prix à payer.
2023 : le tournant
L’année 2023 marque le basculement. Priya décroche sa première grande opportunité professionnelle grâce à Ajay Deora, CEO de Ticketbox, acteur incontournable de l’événementiel local. Ce moment la propulse du statut d’amatrice passionnée à celui de collaboratrice reconnue dans l’industrie.
Les collaborations s’enchaînent. DJ Emran (Emran Limbajee), Ejilen et d’autres artistes locaux lui accordent leur confiance pour immortaliser leurs performances. Son objectif devient un témoin privilégié de l’énergie scénique. Au fil des concerts, Priya croise aussi les géants de la musique : Atif Aslam, Sonu Nigam, Shreya Ghoshal, Adnan Sami. Des rencontres marquantes qui confirment qu’elle est à sa place, là où la musique palpite.
Derrière les lumières et l’euphorie, la réalité est plus rude. Priya ne cache rien des difficultés rencontrées. « Être photographe de concerts n’est pas un métier facile quand on est une femme », dit-elle sans détour. Les obstacles ne sont pas seulement techniques. Ils sont aussi sociaux, culturels, parfois insidieux. Remises en question constantes, doutes jetés sur ses compétences, tentatives de la discréditer. Les critiques ont été nombreuses, et certains ont même cherché à la faire tomber.
Mais Priya tient bon. « J’ai tout traversé. J’ai appris à être forte, à m’imposer, et surtout à laisser mon travail parler pour moi. » Ses images ne sont pas de simples souvenirs de scène. Elles sont une déclaration, la preuve qu’un talent authentique n’a ni genre ni plafond.
Aujourd’hui, en développant Priya Juhel Studio, la jeune femme trace un chemin inspirant pour les artistes mauriciens, en particulier les jeunes femmes qui hésitent encore à se lancer dans des milieux perçus comme inaccessibles. Elle tient aussi à exprimer sa gratitude. « Je remercie toutes les personnes qui ont cru en moi. Un merci tout particulier à ma maman, qui a toujours été à mes côtés. »
Et son message est clair, universel : dans la poursuite des rêves et des objectifs, le genre n’est pas une limite. Ce qui compte réellement, ce sont la passion, le dévouement, le travail acharné et les opportunités. Fille ou garçon, chacun doit se sentir libre et légitime de poursuivre ses ambitions et d’apporter sa lumière au monde.
Un objectif, une scène, une vision. Priya Juhel ne photographie pas seulement des concerts : elle capture l’audace d’une génération.
Yaniish Engutsamy
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